Rencontre exclusive avec l’auteure Jessica Le Ralle. J’ai pu l’interviewer il y a quelques jours. L’occasion de parler avec elle de son parcours, son roman et ses futurs projets.
Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Jessica est mon véritable prénom et Le Ralle est mon nom de femme mariée. Je suis assistante de direction et j’ai suivi des études de langue anglaise car je souhaitais (à l’époque) devenir prof d’anglais. Je reste très discrète sur mon identité en ligne. Je ne suis pas habituée aux réseaux sociaux et il a vraiment fallu que je sorte de ma zone de confort pour créer ma page Instagram.
L’écriture a toujours fait partie de mes habitudes. Toute ma vie, j’ai été animée par l’envie de raconter des histoires pour échapper aux angoisses du quotidien, même lorsque j’étais petite. Je rêvais de devenir écrivain car c’était le moyen le plus simple que je connaissais pour partager mes histoires. Mais tout était très abstrait et je passais beaucoup plus de temps à écrire pour moi qu’à écrire pour les autres. Au fil du temps j’ai accepté que le parcours serait long et que peut-être que je ne parviendrais jamais à partager mes écrits. J’étais en paix avec cette idée. Écrire me faisait du bien et je le faisais simplement pour moi.
Comment as-tu eu l’idée des Jardins d’Éden ?
D’abord parce que j’ai perdu ma belle-mère d’un cancer qui l’a ravagé en dix mois. Je n’avais encore jamais été confrontée à la perte d’une personne aussi proche. Elle avait 51 ans et était comme une seconde mère pour moi. Je me suis sentie impuissante face à la douleur qu’elle ressentait au quotidien et à l’inéluctable fin qui l’attendait. Elle allait mourir bientôt et nous ne pouvions rien faire. Au-delà de ma propre douleur de cette perte annoncée, je me suis demandée ce qu’elle ressentait. On va tous mourir un jour. Mais avoir ce compte à rebours devait être extrêmement stressant. Lorsqu’elle est décédée, j’étais inconsolable. Je me demandais où elle était et si elle pouvait malgré tout toujours nous voir et veiller sur nous ? Nous vivions un deuil, mais peut-être qu’elle aussi souffrait encore de l’autre côté. Elle avait été si injustement arrachée à la vie.
Quelques années plus tard, je regardais la télé et j’ai vu dans les news qu’une mère de famille était brutalement décédée après une explosion due à une fuite de gaz dans une rue de Paris. Elle venait de l’étranger et était simplement là en passage pour les vacances. Elle se rendait à la boulangerie pour acheter des croissants pour sa famille. L’absurdité de sa mort m’a poussé à me questionner. Pourquoi est-ce que tout cela arrive ? Il aurait suffi qu’elle passe dans cette rue une minute plus tard, et elle serait toujours vivante … l’explosion aurait eu lieu sans l’atteindre. Et c’est à partir de là que j’ai pensé à la notion de Shinigami – les dieux de la mort au Japon. Ensuite est née l’histoire des Jardins d’Éden. Je travaillais sur un autre manuscrit à l’époque et je ne pensais vraiment pas que cette histoire deviendrait un jour un livre.
Comment as-tu construit les personnages ?
À la base, je n’avais pas envie d’écrire un livre. Je voulais écrire une nouvelle courte qui racontait le combat d’une mère à l’encontre de la mort… Alors je n’avais aucune stratégie et j’y suis vraiment allée en mode jardinière pour la construction des personnages. Et c’est au fil de l’histoire que les choses se sont concrétisées et que j’ai vu que cela deviendrait un roman. C’est seulement à la fin du premier jet que j’ai précisé les personnages dans mon esprit. Sans forcément faire des fiches interminables. Ils se sont créés de façon organique et très naturellement. Mais le plus important pour moi était de comprendre quels étaient leurs conflits internes, les qualités et défauts des uns et des autres et aussi de comprendre l’intérêt de chacun à être auprès de Juliette.
Où peut-on trouver ton roman ?
Sur Amazon ou sinon sur mon site internet pour recevoir un exemplaire dédicacé.
Pourquoi as-tu choisi l’auto-édition ?
J’ai choisi l’auto-édition car j’adore avoir le contrôle et la liberté sur mes écrits. Je me suis longtemps renseignée sur l’édition classique via une maison d’édition, et j’ai toujours été gênée par le fait de perdre mes droits sur une histoire. J’ai investi beaucoup de temps. C’est sans doute aussi pour ça que je n’ai jamais tenté d’être publiée en ME. Lorsque j’ai découvert l’auto-édition, je savais que ce ne serait pas simple, mais j’ai tout de suite compris que c’était ce qu’il me fallait.
J’adore l’idée de toucher à tout et d’apprendre des choses. Créer une couverture, faire une mise en page sur Word pour créer l’intérieur du roman… J’ai appris tellement de techniques que je ne regrette vraiment pas d’avoir fait ce choix. D’ailleurs, j’ai aussi réalisé que je ne pouvais pas tout faire seule. J’ai donc eu recours à des amis et à mon mari pour la bêta lecture. Pour les corrections, j’ai été aidée par une professeure de français mais aussi deux correctrices professionnelles. J’avais vraiment à cœur de partager le roman le plus propre possible. J’allais vendre une histoire. Il était important pour moi de contrôler au mieux tous ces aspects.
Une autre chose que j’adore avec l’auto-édition, c’est cette capacité à pouvoir faire sa promotion sur une durée illimitée. Je ne vis pas de l’écriture, donc je ne n’ai pas la pression du chiffre ou du résultat. Je peux faire les choses à mon rythme. J’ai cette sensation agréable d’avoir toute ma vie pour promouvoir librement mon roman.
Comment s’est passée la publication ? As-tu suivi une formation ?
La publication était assez stressante car j’ai réalisé qu’on a beau relire un roman, avoir des correctrices incroyables, il peut toujours subsister des coquilles. Je craignais d’ouvrir le roman sur la fin et de réaliser que quelque chose n’allait pas. J’ai découvert aussi sur le tard, à une semaine de la sortie, comment le mettre en livre électronique. J’avais peur de rater une étape. D’autant plus que je n’ai pas suivi de formation. Je regardais des vidéos sur YouTube et c’est comme ça que j’ai pu me former. Au fil de l’eau.
Pourquoi avoir choisi Amazon KDP ?
Je trouve que c’est la plate-forme la plus rentable et la plus efficace. Je sais qu’Amazon ne jouit pas d’une superbe réputation. Mais j’ai testé d’autres plate-formes et Amazon était la solution la plus simple. Pour les délais d’expédition, son rayonnement auprès de beaucoup de lecteurs, ses formats intéressants et la capacité de vendre partout dans le monde. J’ai un ami en Angleterre qui a ainsi pu se procurer le roman en un temps record, sans que cela ne me demande une quelconque organisation ou des frais supplémentaires pour lui envoyer le roman.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs auteurs qui souhaitent se lancer dans l’auto-édition ?
Je ne pense pas que l’auto-édition soit pour tout le monde… Surtout lorsqu’on débute. Il faut pouvoir investir de l’argent (souvent à perte) et être OK avec l’idée de ne pas faire du chiffre car la promotion peut être longue avant de faire ses effets. Surtout lorsqu’on démarre de rien et qu’on est inconnu au bataillon. Ça demande de l’investissement. Alors je conseillerais de bien se renseigner sur les deux modes d’édition. D’accepter aussi de déléguer. On ne peut pas tout faire et il vaut mieux passer par des professionnels que de finir avec un produit moyennement bon. Le livre fini est notre seule carte de visite et on a souvent qu’une seule occasion de faire bonne impression.
Ensuite d’accepter de changer d’avis si l’on réalise que l’auto-édition n’est pas faite pour nous. D’ailleurs certains auteurs « hybrides » jonglent entre les deux. Ils publient certains livres en ME et d’autres en AE.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Je travaille depuis l’année dernière sur le projet d’un nouveau roman. J’en suis à la deuxième réécriture. Je ne sais pas s’il sera publié. Je me donne aussi le droit de simplement écrire pour moi. J’aime cette liberté d’écrire pour moi-même avant d’écrire pour les autres. Quand je pense à partager une histoire, cela me bloque dans le processus d’écriture. Alors que quand j’y vais simplement pour moi, je prends beaucoup plus de plaisir à écrire. J’ai moins peur du qu’en-dira-t-on. J’aime écrire sans forcément penser à être publiée. Il n’y a que comme ça que je peux me fier à mon intuition et débrider mon imagination.